Une ville de papier

par Olivier Hodasava

Etats-Unis, années trente. L’industrie automobile fait la pluie et le beau temps de l’économie américaine. Le pays, gigantesque, s’offre à des routes rectilignes qui en traversent chaque état. Les citoyens s’équipent en nouveaux modèles, les autoroutes fleurissent, les stations-services éclosent. Afin d’encourager ces trajets qui enrichissent géants du pétrole et adeptes du fordisme automobile, on offre à tour de bras des cartes autoroutières aux conducteurs.
Et pour s’assurer qu’elles ne sont pas copiées par des concurrents, on y place des fausses villes en guise de signature invisible, des « villes de papier ». Desmond Crothers, jeune cartographe, conçoit une  carte de l’état du Maine pour Esso et ajoute donc une fausse ville. Mais sa ville aura un tout autre destin : elle existera vraiment, une fois qu’un commerçant obstiné décidera de la fonder quelques années plus tard, comme pour valider cette ville imaginaire.
Autour de ce monde qui prend forme, on croise des cartographes, une violoniste au destin tragique. Stephen King. des acteurs venus pour y tourner un épisode de Twilight Zone, des amoureux qui n’ont que ce territoire pour s’épancher. C’est une ville à froisser, qui ne disparaîtra jamais vraiment. S’inspirant de la véritable destinée d’une telle ville de papier – Agloe, dans l’état de New-York-, Olivier Hodasava livre un roman émouvant et nostalgique d’un monde plié et déplié qui tente d’exister.