« Les oiseaux, je leur dois beaucoup. Ils m’ont tant appris. Ils sont entrés en moi au cours de mon enfance et ne m’ont plus jamais quitté. A leurs côtés, j’ai développé des trésors de patience, des postures d’affût, d’attention, de quêtes : une quête de savoir, de rapprochement, et d’appropriation. Les oiseaux portent en eux l’éclat et la fragilité précaire du vivant. Ils m’ont révélé la beauté du monde, sa dimension sauvage.
Toutes ces innombrables heures passées à les regarder a été à l’origine d’un attachement fort, d’un lien indéfectible qui me relie à eux, à leur mystère. Les contempler est devenu mon art de vivre. Un constant émerveillement. Un état de poésie. Un besoin vital. Partir à la recherche des oiseaux m’a permis de retrouver certains pans de ma vie… Ils m’ont fait migrer en moi-même. » Enfant, à l’école, Jean-Noël était un rêveur comme le cancre de Jacque Prévert.
Il avait tendance à contempler la nature par la fenêtre. Au fil des années, il est devenu un fou d’oiseau, un guetteur, un cocheur (celui qui coche dans un carnet les oiseaux dans qu’il a vus en une année). Il nous raconte l’état de poésie permanent que lui a donné cette passion. L’oiseau de passage est l’oiseau migrateur par excellence, celui qui parcourt le monde pour échapper aux frimas de l’hiver, se reproduire dans des contrées plus hospitalières.
C’est le trait d’union entre la géographie des deux hémisphères terrestres, le principal artisan aussi de l’union entre la terre et le ciel. A l’image du martinet noir consacrant toute sa vie au vol, qui arrive en avril en Europe et repart dès le mois d’août en Afrique, l’oiseau de passage est le » satellite infime de notre orbite planétaire » (Saint-John Perse, Oiseaux). Symbole de la liberté absolue, il se joue de la pesanteur terrestre pour oublier son poids et se perdre dans l’espace aérien.
Face aux turpitudes de nos existences (crise sanitaire, crise économique, crise écologique et climatique, terrorisme etc), comme il est rassurant de voir ainsi la nature perpétuer ses cycles, dans une forme de régularité métronomique, avec une incroyable force vitale, en faisant fi de nos maux et de nos blessures. Nous sommes aussi des oiseaux de passage sur cette terre.