Tous les articles par Karine

Combats et métamorphoses d’une femme

par Edouard Louis

Résumé :
Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l’écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme.
Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s’est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l’histoire de cette métamorphose. E. L. Edouard Louis est écrivain. Ses trois premiers romans ont été traduits dans une trentaine de langues. Il a collaboré avec de nombreux metteurs en scène comme Stanislas Nordey ou Thomas Ostermeier. Il est également l’un des traducteurs de la poétesse canadienne Anne Carson.
Depuis 2019, il enseigne à La Manufacture – Haute école des arts de la scène de Lausanne.

Coup de cœur :
Un texte bouleversant et engagé, sincère et tendre. Les mots choisis par Edouard Louis vont droit au cœur. Un très beau roman sur l’émancipation et la réconciliation.

Les morts de Riverford

par Todd Robinson

Riverford petite ville peu riante, et c’est un euphémisme, du Massachusetts. Quand l’homme le plus détesté de la ville est assassiné les suspects prolifèrent et le casse tête promet d’être intense. Flics, petites frappes, vrais gentils, et paumés en tout genre entrent dans la danse.

Coup de cœur : la ronde des personnages est habilement présentée et les connexions vont bientôt se faire jour. Un régal complet pour le lecteur. Brillamment écrit, les dialogues sont savoureux et les personnages attachants (ou repoussants !) à souhait. On a l’impression de les tenir dans nos mains tellement l’auteur (rappelons que Todd Robinson est l’auteur de « Cassandra« , déjà coup de cœur de la librairie) excelle à les décrire et les mettre en scène. Génial !

Nanuq – Celle qui erre toujours

par James Raffan

Nanuq, l’ourse polaire, arpente son territoire et chasse les phoques dans la baie d’Hudson. Pendant des millénaires, ses ancêtres ont occupé cette grande étendue, évoluant aux côtés des humains dans l’un des habitats les plus inhospitaliers de la planète. Aujourd’hui, ce monde jusque-là immaculé est en danger. Dans les terres et les eaux de l’Arctique, du pétrole a été extrait et déversé ; le réchauffement climatique fait disparaître la glace de mer dont Nanuq et ses petits ont besoin pour chasser.
Les ours sont repoussés sur la terre ferme, remettant en cause le délicat équilibre territorial entre eux et leurs voisins humains. Dans une prose précise, James Raffan emmène les lecteurs sur les pas de Nanuq. En concentrant son objectif sur cette famille d’ursidés, Raffan comble le fossé entre les humains et les ours et nous fait réfléchir à ce qui pourrait être fait pour ce monde fragile avant qu’il ne disparaisse définitivement.

Le jour où le monde a tourné

par Judith Perrignon

 » Le Royaume-Uni des années 1980. Les années Thatcher. Elles sortent toutes de là, les voix qui courent dans ce livre, elles plongent au creux de plaies toujours béantes, tissent un récit social, la chronique d’un pays, mais plus que cela, elles laissent voir le commencement de l’époque dans laquelle nous vivons et dont nous ne savons plus comment sortir. C’est l’histoire d’un spasme idéologique, doublé d’une poussée technologique qui a bouleversé les vies.
Ici s’achève ce que l’Occident avait tenté de créer pour panser les plaies de deux guerres mondiales. Ici commence aujourd’hui : les SOS des hôpitaux. La police devenu force paramilitaire. L’information tombée aux mains de magnats multimilliardaires. La suspicion sur la dépense publique quand l’individu est poussé à s’endetter jusqu’à rendre gorge. La stigmatisation de populations entières devenues ennemis de l’intérieur.
Londres. Birmingham. Sheffield, Barnsley. Liverpool. Belfast. Ancien ministre. Leader d’opposition. Conseiller politique. Journaliste. Ecrivain. Mineur. Activistes irlandais. Voici des paroles souvent brutes qui s’enchâssent, s’opposent et se croisent. Comment ne pas entendre ces quelques mots simples venus aux lèvres de l’ancien mineur Chris Kitchen comme de l’écrivain David Lodge : une société moins humaine était en gestation ? Comment ne pas constater que le capitalisme qui prétendait alors incarner le monde libre face au bloc soviétique en plein délitement, est aujourd’hui en train de tuer la démocratie ? Quand la mémoire prend forme, il est peut-être trop tard, mais il est toujours temps de comprendre.
 » J. P.

Fuir l’eden

par Olivier Dorchamps

Adam a dix-sept ans et vient de tomber amoureux, là, sur le quai de la gare de Clapham Junction, à deux pas de cet immeuble de la banlieue de Londres où la vie est devenue si sombre. Cette fille aux yeux clairs est comme une promesse, celle d’un ailleurs, d’une vie de l’autre côté de la voie ferrée, du bon côté. Mais comment apprendre à aimer quand depuis son enfance on a connu plus de coups que de caresses ? Comment choisir les mots, comment choisir les gestes ? Mais avant tout, il faut la retrouver…

Coup de cœur :  après « Ceux que je suis » qui était aussi un de mes coups de cœur, je salue à nouveau Olivier Dorchamps, pour son deuxième roman.  Un réel plaisir de retrouver son écriture limpide et incarnée.  Il a le talent de nous lier à ses personnages, de nous mettre dans leur pas avec  précision et un sens de la narration aussi efficace que délicat. Pas de doute un auteur à suivre et j’aime beaucoup son jeune Adam, comme j’avais aimé la fratrie de « Ceux que je suis ».

Le lac de nulle part

par Pete Fromm

Résumé :
Cela fait bientôt deux ans que Trig et Al, frère et sœur jumeaux, n’ont plus de contact avec leur père. Et voilà qu’il réapparaît dans leur vie et réclame »une dernière aventure » : un mois à sillonner ensemble en canoë les lacs du Canada. A la fois excités à l’idée de retrouver la complicité de leur enfance et intrigués par ces retrouvailles soudaines, les jumeaux acceptent de partir au milieu de nulle part.
Mais dès leur arrivée, quelque chose ne tourne pas rond, les tensions s’installent. Contrairement à ses habitudes, leur père paraît mal préparé à l’expédition, qui s’annonce pourtant périlleuse par ce mois de novembre froid et venteux. Tous les trois devront naviguer avec la plus grande prudence entre leurs souvenirs et la réalité. Le nouveau roman de Pete Fromm est un voyage inattendu à travers les étendues glacées du Canada où la surface de l’eau sert de miroir à nos peurs, colères et espoirs.

Coup de cœur :  d’une plume précise et délicate Pete Fromm explore une relation fraternelle intense et bouleversante. Le cadre grandiose de cette virée désenchantée sur les lacs sert d’écrin à cette belle et terrible histoire. Un beau roman.

Un voisin trop discret

par Iain Levison

Secrets familiaux, secret militaire, petits arrangements avec la vie ; les personnages sont englués dans le réel et révèlent des ressources inattendues. Iain Levison est au meilleur de sa prose dans ce dernier roman. Comme toujours il manie ironie, suspense et empathie. Toute son oeuvre est au service d’une peinture tendre et caustique des Etat-Unis, son pays d’adoption. Le plaisir de lecture est toujours aussi intense.

L’inconnu de la poste

par Florence Aubenas

Ce livre est l’histoire d’un crime. Celui de Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau, dans le bureau de poste où elle travaillait à Montréal-la-Cluse. Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour en reconstituer tous les épisodes – tous, sauf un. Le résultat est saisissant. Au-delà du fait divers et de l’enquête policière, L’Inconnu de la poste est le portrait d’une France que l’on aurait tort de dire ordinaire.
Car si le hasard semble gouverner la vie des protagonistes de ce récit, Florence Aubenas offre à chacun d’entre eux la dignité d’un destin. Florence Aubenas est grand reporter au Monde. Elle est l’auteure de nombreux essais et enquêtes, dont La Méprise : l’affaire d’Outreau, En France et Le Quai de Ouistreham, disponibles chez Points.

Et c’est comme ça qu’on a decidé de tuer mon oncle

par Rohan O'Grady

C’est les vacances et vous passez l’été sur une île paradisiaque. Vous êtes orphelin et l’héritier d’une très grosse fortune. Votre oncle diabolique veut vous tuer pour mettre la main sur l’argent. Vous êtes malin et, grâce à une amie, vous trouvez la solution pour échapper à ses griffes meurtrières : essayer de le tuer en premier… Captivante, sombre et malicieuse, cette drôle d’histoire remettra en question vos certitudes.

Coup de coeur : très grand coup de coeur ! Magie de l’histoire – originale, talent de la conteuse, quel bonheur que ce roman ! Vous ne voudrez plus quitter l’île (au large de Vancouver) où se côtoient des personnages fabuleux, adultes et enfants. Plus complexes qu’il n’y paraît, leur part de secret, souvent touchante, est dévoilée avec délicatesse.

On est bien arrivés – Un tour de France des grands ensembles

par Renaud Epstein

Il y a 25 ans, dans un bar-tabac du quartier des Trois ponts à Roubaix où il mène sa première recherche sur la ville, Renaud Epstein tombe sur une carte postale défraichie de la ZUP. Une de ces cartes postales comme la France en a produit des milliers pendant les 30 glorieuses, quand elle considérait sa politique de la ville comme pionnière dans le monde, et voulait diffuser la bonne parole. Cette carte postale est devenue le point de départ d’une collection de 3000 cartes du même genre, véritable Tour der France des zup, des cités ou des grands ensembles.
Ilf aut dire que le modèle français a eu tellement de succès, il s’est bâti si rapidement et dans une telle ampleur, qu’il a inspiré des quartiers dans le monde entier… et notamment en Europe de l’Est. Quand Renand Epstein décide de créer un fil Twitter pour exposer sa collection, c’est un délire. Les anciens habitants, les anciens experts, et les fachos de toujours, donnent de la voix pour confronter leurs souvenirs, leurs regrets, ou leurs anathèmes.
Ce livre est, parmi 3000 cartes postales, la sélection des 64 cartes les plus étonnantes, les plus parlantes, classées région par région, et assorties d’une préface pédagogique de l’auteur.