Tous les articles par Stéphanie

Je suis leur silence

par Jordi Lafebre

Résumé :
Barcelone, de nos jours. Eva Rojas, une jeune et brillante psychiatre, rechigne à répondre aux questions du Dr Llull. Pourtant, elle n’a d’autre choix que de collaborer pour espérer récupérer sa licence et exercer à nouveau son métier. Il y a quelques jours, Eva a été appelée en renfort par l’une de ses patientes, Pénélope, pour l’accompagner, en tant que personne de confiance, durant la lecture du testament de sa grand-mère.
A son arrivée à Can Monturós, l’excentrique psy perçoit rapidement les lourds secrets qui pèsent sur le domaine viticole. Les Monturós, qui ont fait fortune grâce à leurs vignes pendant la période franquiste, semblent dissimuler quelques secrets inavouables…
Alors qu’elle séjourne au domaine, un membre de la famille est assassiné. Et les regards inquisiteurs ont tôt fait de se tourner vers Eva, qui mènera l’enquête pour tenter de prouver son innocence.

Coup de cœur :
Après le poétique Malgré tout, Jordi Lafebre nous livre, à coups de récits enchâssés et de personnalités hautes en couleurs, un roman graphique lumineux, au rythme résolument moderne et au ton empreint d’humour. Un récit entre la comédie et le polar catalan.

Les voleurs d’innocence

par Sarai Walker

Résumé :
Il était une fois dans les années 1950 six jeunes filles aux doux prénoms de fleurs qui vivaient avec leurs parents dans l’opulence d’une grande bâtisse victorienne. Mais ceci n’est pas un conte de fée : c’est l’histoire de la malédiction des sœurs Chapel.
Tout commence pourtant bien : par une noce. Mais à peine est-elle mariée, que la sœur aînée meurt mystérieusement, laissant sa famille en état de choc. Puis la deuxième connaît le même sort. Quel malheur pèse sur les Chapel ? Belinda, la mère à l’esprit torturé, hantée par les fantômes, semble pouvoir prédire leur funeste destin. Mais peut-on se fier à ce qui sort de son cerveau embrumé ? Quant à Iris, la cadette, elle est bien décidée à survivre. Quitte à devoir faire un bien sombre choix.

Coup de cœur : Un roman sombre et envoûtant, aux accents gothiques, dont l’intrigue se distille telle un poison lent. Merveilleux et profondément féministe.

Sauvage

par Julia Kerninon

Résumé :
A Rome, Ottavia Selvaggio a décidé à quinze ans d’être maîtresse de son destin. Ni ses histoires d’amour, ni le mariage, ni même la maternité ne la font dévier de sa route. Pendant que son mari s’occupe de leurs enfants, elle invente dans son restaurant une cuisine qui ne doit rien à personne. En robe noire et sans frémir, Ottavia avance droit, jusqu’au jour où un homme surgit du passé avec un aveu qui la pousse à douter de ses décisions.
Comment être certaine d’avoir choisi sa vie ? Le désir a-t-il une fin ?

Coup de cœur :
Un roman profond, intime et délicat, tracé d’une écriture claire, qui tisse le portrait d’une femme intense éprise de liberté.

Veiller sur elle

par Jean-Baptiste Andrea

Résumé :
Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains. Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d’une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Mais elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne.
Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l’autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ? Un roman plein de fougue et d’éclats, habité par la grâce et la beauté.

Coup de cœur :
Un amour impossible, une statue gardée secrète, le destin magnifique de deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer.
Ce quatrième roman poétique et envoutant est follement romanesque. J.B. Andrea est un conteur exceptionnel !

Un jour ce sera vide

par Hugo Lindenberg

Résumé :
C’est un été en Normandie. Le narrateur est encore dans cet état de l’enfance où tout se vit intensément, où l’on ne sait pas très bien qui l’on est, où une invasion de fourmis équivaut à la déclaration d’une guerre qu’il faudra mener de toutes ses forces. Un jour, il rencontre un autre garçon sur la plage, Baptiste. Se noue entre eux une amitié d’autant plus forte qu’elle se fonde sur un déséquilibre : Baptiste a des parents parfaits, habite dans une maison parfaite.
Sa famille est l’image d’un bonheur que le narrateur cherche partout, mais qui se refuse à lui. Flanqué d’une grand-mère à l’accent prononcé, et d’une tante « monstrueuse », notre narrateur rêve, imagine, se raconte des histoires, tente de surpasser la honte sociale et familiale qui le saisit face à son nouvel ami. Il entre dans une zone trouble où le sentiment d’appartenance est ambigu : vers où va, finalement, sa loyauté ? Écrit dans une langue ciselée et très sensible, Un jour ce sera vide est un roman fait de silences et de scènes lumineuses qu’on quitte avec la mélancolie des fins de vacances. Hugo Lindenberg y explore les sentiments, bons comme mauvais, qui traversent toute famille, et le poids des traumatismes de l’Histoire.

Coup de cœur :
L’été, la plage, l’intensité de l’enfance, sous une plume d’une délicatesse et d’une justesse rare.
Un très beau premier roman sensible, organique et singulier. Prix du livre Inter 2021.

La république du bonheur

par Ito Ogawa

Résumé :
La vie est douce à Kamakura. Amis et clients se pressent dans la petite papeterie où Hatoko exerce ses talents d’écrivain public. Tendres, drôles ou tragiques, les destins se croisent sous son pinceau. Hatoko s’est mariée et découvre, en compagnie de Mitsurô et de sa petite fille, les joies d’être mère au sein de leur famille recomposée : elle enseigne à l’enfant l’art de la calligraphie comme le faisait sa grand-mère et partage avec elle ses recettes des boulettes à l’armoise ou du thé vert fait maison.
Mais si Hatoko excelle dans l’art difficile d’écrire pour les autres, le moment viendra pour elle d’écrire ce qui brille au fond de son coeur. Après La Papeterie Tsubaki se dévoile une fois de plus tout le talent d’Ogawa Ito pour nous révéler les sources invisibles du bonheur.

Coup de cœur :
Hymne à l’amour, à la famille et aux traditions, La République du bonheur est un écrin de douceur conjuguant moments de vie et personnages haut en couleurs. Ogawa Ito dépeint avec brio l’extrême pudeur des japonais face à leurs émotions. Un roman criant de justesse et de poésie.

Le maître et Marguerite

par Mikhaïl Boulgakov

Résumé :
Pour retrouver l’homme qu’elle aime, un écrivain maudit, Marguerite accepte de livrer son âme au diable. Version contemporaine du mythe de Faust, transposé à Moscou dans les années 1930, Le Maître et Marguerite est aussi l’une des histoires d’amour les plus émouvantes jamais écrites.
Écrit pour la liberté des artistes et contre le conformisme, cet objet d’admiration universelle fut publié un quart de siècle après la mort de celui qui est aujourd’hui considéré comme l’égal de Dostoïevski, Gogol ou Tchekhov. Chef-d’œuvre de la littérature russe, livre culte à travers le monde, Le Maître et Marguerite dénonce dans un rire féroce les pouvoirs autoritaires, les veules qui s’en accommodent, les artistes complaisants, l’absence imbécile de doute.

Coup de cœur :
André Markowicz nous offre une nouvelle traduction de ce classique méconnu de la littérature Russe et lui restitue sa cruauté première, son souffle romanesque, son universalité. Le Maître est Marguerite est un roman total, à la fois conte fantastique, comédie burlesque, sublime histoire d’amour, roman historique, critique sociale, politique et religieuse, le tout conté par le narrateur le plus fabuleux et improbable qui soit, j’ai nommé Béhémoth, un chat géant, démon échappé des enfers et acolyte de Satan en personne.
Tout simplement le meilleur roman du monde !

La porte du voyage sans retour

par David Diop

« La porte du voyage sans retour » est le surnom donné à l’île de Gorée, d’où sont partis des millions d’Africains au temps de la traite des Noirs. C’est dans ce qui est en 1750 une concession française qu’un jeune homme débarque, venu au Sénégal pour étudier la flore locale. Botaniste, il caresse le rêve d’établir une encyclopédie universelle du vivant, en un siècle où l’heure est aux Lumières. Lorsqu’il a vent de l’histoire d’une jeune Africaine promise à l’esclavage et qui serait parvenue à s’évader, son voyage et son destin basculent dans la quête obstinée de cette femme perdue qui a laissé derrière elle mille pistes et autant de légendes.

L’évangile du nouveau monde

par Maryse Condé

Le soir d’un dimanche de Pâques, un nouveau-né est déposé dans le jardin de monsieur et madame Ballandra, horticulteurs passionnés qui créent les plus belles roses du monde. Pascal est très beau, le teint brun, les yeux gris vert pareils à la mer qui entoure le pays. Mais d’où vient-il ? N’est-il pas l’enfant d’un dieu ? La rumeur porte cette nouvelle et de nombreux signes vont l’amplifier tout au long de sa vie.
Mais que doit-on faire si l’on est vraiment le fils d’un Dieu ? Peut-on changer le destin des hommes, les prendre par la main pour adoucir les haines et rendre le monde plus juste ? De voyages en voyages, de communautés en communautés, Pascal va partir à la quête de ses origines pour comprendre le sens de sa mission. Que révélera cet Evangile du Nouveau Monde sur la nature des hommes et la place des dieux ? Derrière sa beauté, sa vivacité, son humour, sa puissance, l’oeuvre de Maryse Condé est une oeuvre de combats.
Inégalités, racisme, condition des femmes, liberté… chacun de ses romans illustre ses convictions, sa souffrance de voir l’Homme douloureusement englué dans ses éternelles contradictions. Fragilisée par la maladie elle a dicté puis corrigé son livre à la voix elle a construit L’Evangile du Nouveau Monde comme son dernier appel à la prise de conscience de notre destinée. Sa lucidité est aussi impitoyable que sa conviction : la fraternité et l’amour restent nos forces les plus extraordinaires et les plus salvatrices.