Coups de cœur du rayon Rayons

Shit !

par Jacky Schwartzmann

Quand Thibault débarque à Planoise, quartier sensible de Besançon, il est loin de se douter que la vie lui réserve un bon paquet de shit. Conseiller d’éducation au collège, il mène une existence tout ce qu’il y a de plus banale. Sauf qu’en face de chez lui se trouve un four, une zone de deal tenue par les frères Mehmeti, des trafiquants albanais qui ont la particularité d’avoir la baffe facile. Alors que ces derniers se font descendre lors d’un règlement de comptes, Thibault et sa voisine, la très pragmatique Mme Ramla, tombent sur la cache de drogue.
Que faire de toute cette came ? Lorsque notre duo improvisé compare ses fiches de paie avec le prix de la barrette, il prend rapidement une décision. Un choix qui pourrait bien concerner tout Planoise.

Coup de cœur : humour, parler cash et populaire, action et autodérision font tout le sel de ce polar déjanté.

La clef des champs

par Audrey Faulot

Résumé :
Si vous lisez ces lignes, vous faites probablement partie des honnêtes gens – les Marchandeurs. Moi, Robine Larcin, 13 ans, je viens d’une célèbre lignée de cambrioleurs et de brigands en tout genre. Mais pour tout vous avouer, je suis une voleuse pathétique, la honte de la famille ! Mes parents ont décidé de m’envoyer à l’école des voleurs, redoutable pensionnat qui se fait fort de remettre dans le mauvais chemin les enfants comme moi.
GAGNANT DU CONCOURS DU PREMIER ROMAN JEUNESSE 2021

Coup de cœur :
Un premier roman à l’intrigue très bien menée. Mystère, suspens et tendresse sont au rendez-vous de cette histoire à la croisée du fantastique et du roman policier. À partie de 10 ans.

Ici et seulement ici

par Christelle Dabos

Résumé :
Par-dessous la peinture, le plâtre et le ciment, à l’intérieur des murs, au fond de l’invisible, je perçois quelque chose que j’arrive pas encore à nommer, quelque chose de foutrement féroce qui habite le bâtiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientôt partie de moi. Ici ne ressemble à nulle part. Ici n’obéit qu’à ses propres règles. Ici, il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs. Et quoi qu’il arrive, tout le monde passe par Ici.

Coup de cœur :
Un roman choral singulier, vertigineux, addictif et puissant qui nous offre une expérience de lecture ébouriffante ! Une histoire haletante où se mêlent violence sourde, peur, mystère et poésie, toujours à la limite du fantastique. Un roman surprenant, déroutant et passionnant, qui ne pouvait pas être plus différent de « La Passe-miroir » et qui confirme l’immense talent de Christelle Dabos ! Une claque !
À partir de 12/13 ans.

Béa Wolf

par Zach Weinersmith

Résumé :
Découvrez les exploits de la fière Béa Wolf, porte-drapeau de la cabane Cœur-d’arbre ! La cabane de Cœur-d’arbre est un sanctuaire créé par des enfants infatigables qui passent leurs journées à jouer, à manger des sucreries, à faire des bêtises et à repousser l’ombre de l’âge adulte. Mais un jour, leur sinistre voisin Grindle s’attaque à Cœur-d’arbre et transforme une dizaine d’entre eux en adolescents boutonneux ! Les survivants du premier assaut réclament un nouveau champion capable de les protéger… Ils ont besoin de Béa Wolf ! Bea Wolf raconte aux enfants une épopée glorieuse, mordante, profondément stupide et drôlement profonde.

Coup de cœur :
Une BD jeunesse emplie de liberté de hardiesse et d’impertinence.  Le texte très écrit est poétique et réjouissant, les illustrations énergiques (par le merveilleux Boulet), tantôt joyeuses, tantôt inquiétantes font vivre cette histoire surprenante, captivante et complètement barrée ! À l’attaque ! Sus au calme et aux règles imposées ! Un énorme coup de cœur à dévorer dès 9/10 ans.

Le livre de la nuit

par Holly Black

Résumé :
Charlie Hall est une escroc de bas étage. Elle n’a jamais trouvé une serrure qu’elle ne pouvait crocheter, un livre qu’elle ne pouvait voler ou une mauvaise décision à ne pas prendre. Elle a passé la moitié de sa vie à travailler pour des crépusculiens, des magiciens qui manipulent les ombres afin d’espionner ou même tuer des gens. Les crépusculiens gardent leurs secrets avec avidité et pour faire fructifier leur réseau clandestin, ils ont besoin de Charlie.
Maintenant barmaid, la jeune femme essaie de s’éloigner de ses erreurs passées. Mais sortir de cet univers n’est pas si facile, sans compter que sa sœur a désespérément besoin de magie, et que son petit ami – sans ombre et peut-être sans âme – semble lui cacher des choses. Lorsqu’une figure de son passé refait surface, Charlie replonge dans un tourbillon de meurtres et de mensonges. Déterminée à survivre, elle va devoir affronter de nombreux adversaires qui essaient de s’emparer d’un secret au pouvoir terrifiant. C’est alors que Charlie se lance à la recherche du Livre de la Nuit…

Coup de cœur :
L’autrice de la série du Peuple de l’air (« Le prince cruel »…) nous sert une histoire sombre, dense, étrange, pleine d’humour, de mystères et de rebondissements. La manipulation des ombres, ce pouvoir détenu par les crépusculiens, est une forme de magie inquiétante et incroyablement réaliste. L’intrigue brillamment ficelée fait de ce roman un véritable « page turner ».

L’Effet maternel

par Virginie Linhart

 » Tu n’avais qu’à avorter : il n’en voulait pas de cette gosse !  » Ce sont ces mots prononcés par sa mère qui ont conduit la narratrice à raconter l’histoire de sa famille. Une relation, faite de coups de griffe, de silences, de confusion, mais aussi de beaucoup d’amour. Un admirable récit qui mêle les destins singuliers et collectifs, les descendants des survivants de la Shoah, les espoirs nés de Mai 68, les conquêtes féministes des années 1970 et l’ordre moral de nos sociétés contemporaines.
Virginie Linhart est réalisatrice de documentaires et écrivaine, c’est son histoire.

Coup de cœur : une vie de femme, une histoire touchante et universelle, un texte tendu qui se lit d’une traite, comme  le reflet de l’urgence et de la nécessité qui ont présidé à son écriture.

L’établi

par Robert Linhart

Les « établis » sont les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s’embauchaient, « s’établissaient » dans les usines ou les docks pour vivre l’expérience du travail ouvrier. Robert Linhart a mis 10 ans à écrire sont expérience d’une année comme OS dans une usine Citroën. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, la place de l’homme face aux objets. Il raconte ce que c’est, pour un Français ou un immigré, d’être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
Mais l’établi, c’est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu’elles passent au montage. Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l’intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production.

Coup de cœur : témoignage indispensable, implacable, c’est un texte qui a aussi une grande valeur littéraire.

Le génie et les ténèbres

par Roberto Mercadini

Quand ils se rencontrent, à Florence, au tout début du XVIe siècle, Michel-Ange a vingt-six ans et Léonard quarante-neuf. Michel-Ange est capricieux, perfectionniste, aussi pieux qu’il est négligé dans ses manières, mais déterminé à se frayer un chemin à coups de burin. Léonard de Vinci est un hédoniste aux contours plus nuancés, aussi élégant qu’un dandy, mais qui ne respecte aucune échéance, s’intéresse autant aux sciences qu’aux arts, et devient même, parmi les multiples métiers qu’il exerce pour gagner sa vie, musicien de cour.
Avec son talent de conteur d’exception, Roberto Mercadini redonne vie aux hommes plus encore qu’aux artistes et ressuscite à merveille leur monde disparu : les troubles et les splendeurs de cités légendaires, quantité d’œuvres sublimes, une foule de personnages historiques hauts en couleur, peintres, sculpteurs, architectes, papes, condottieres, comtesses guerrières et moines rebelles. A la Renaissance, comme dans les vies de Léonard et de Michel-Ange, rien ne sépare la lumière des ombres : le génie solaire des gestes parfaits de l’artiste cohabite toujours avec les ténèbres de ses obsessions.
Coup de cœur : Léonard de Vinci et Michel-Ange sont nés pour être rivaux. Rien ne les a opposés davantage que leurs tempéraments.  Avec brio et rigueur, « Le génie et les ténèbres » nous plonge au cœur de leur rivalité légendaire en ces temps obscurs, exaltants et tragiques de la Renaissance.  Une belle écriture au service du portrait passionné de ces deux génies.

La rivière

par Peter Heller

Deux copains de fac s’offrent la virée en canoë de leur rêve sur le fleuve Maskwa, au nord du Canada. Bientôt la balade contemplative tourne à la course contre la montre quand l’horizon s’obscurcit de feux de forêt gigantesques. Mais dans les bras et sous le règne de dame nature, une menace peut toujours en cacher une autre et une rencontre étrange va la mettre en danger.

Coup de cœur : Peter Heller met sa pratique intime de l’aventure, son sens irrésistible du suspense et sa connexion unique aux paysages au service d’une folle et sauvage équipée qui éprouve autant l’amitié sincère de ses personnages que les nerfs du lecteur.

Scarlett

par François-Guillaume Lorrain

Publier le roman-fleuve de Margaret Mitchell était déjà une gageure, mais faire d’ »Autant en emporte le vent » un film était pure folie. Des centaines de décors, de costumes et d’acteurs pour un film d’une longueur invraisemblable : un défi qui aurait pu ruiner David O. Selznick, son producteur mégalomane, bien décidé à réussir « le plus grand film de tous les temps ». Par-delà les tractations, difficultés et imprévus en tous genres, une question centrale s’invite au cœur des débats qui agitent les Etats-Unis : qui pour incarner Scarlett ? Trois années à voir défiler un bal d’actrices parmi les plus célèbres comme des milliers d’inconnues qui participent à ce casting homérique.
Coup de cœur : dans ce roman passionnant, François-Guillaume Lorrain exploite avec beaucoup de talent et de verve le matériau extraordinaire qu’est l’histoire du film. Du livre à l’avant-première, il nous dévoile et fait revivre le contexte de l’époque, le milieu du cinéma et les protagonistes de cette aventure qui marque Hollywood : le producteur moralement douteux David O. Selznick, la très obstinée Vivien Leigh, le flegmatique Clark Gable, et Hattie McDaniel, la première interprète noire oscarisée pour le rôle qu’on lui reprochait pourtant d’endosser. J’espère que cela vous donnera l’envie de lire ou relire le livre, qui est un chef d’oeuvre.