Tous les articles par Karine

Une sortie honorable

par Eric Vuillard

La guerre d’Indochine est l’une des plus longues guerres modernes. Pourtant, dans nos manuels scolaires, elle existe à peine. Avec un sens redoutable de la narration, « Une sortie honorable » raconte comment, par un prodigieux renversement de l’Histoire, deux des premières puissances du monde ont perdu contre un tout petit peuple, les Vietnamiens, et nous plonge au cœur de l’enchevêtrement d’intérêts qui conduira à la débâcle.

Coup de cœur : un style tranchant, où chaque mot est pesé et donne tout son sens. J’aime pardessus tout sa façon de prendre parti et d’user de la littérature comme d’une arme pour nous dire le monde tel qu’il le voit ; et nous dépeindre s’il le fallait encore (mais il le faut hélas), l’ignominie des puissants. Il faut lire et relire Eric Vuillard pour savourer sa prose et découvrir  les trésors cachés de ses phrases.

Tous ses précédents romans sont en poche chez Actes Sud.

Scarlett

par François-Guillaume Lorrain

Publier le roman-fleuve de Margaret Mitchell était déjà une gageure, mais faire d’Autant en emporte le vent un film était pure folie. Des centaines de décors, de costumes et d’acteurs pour un film d’une longueur invraisemblable : un défi qui aurait pu ruiner David O. Selznick, son producteur mégalomane, bien décidé à réussir « le plus grand film de tous les temps » . Par-delà les tractations cocasses, les difficultés d’adaptation et les imprévus en tous genres, une question centrale s’invite au coeur des débats qui agitent les Etats-Unis : qui pour incarner Scarlett ? Trois années à voir défiler un bal d’actrices parmi les plus célèbres comme des milliers d’inconnues qui participent à ce casting homérique.
Trois années où, à l’ombre des paillettes, Hattie McDaniel doit faire accepter à la communauté noire qu’elle préfère jouer le rôle d’une domestique plutôt que d’en être une. Dans ce roman trépidant, François-Guillaume Lorrain fait revivre les affres, les plaisirs et les jours des protagonistes de cette aventure qui marqua l’âge d’or d’Hollywood : le moralement douteux David O. Selznick, la très obstinée Vivien Leigh, le flegmatique Clark Gable, et Hattie McDaniel, la première interprète noire oscarisée pour le rôle qu’on lui reprochait pourtant d’endosser.

555

par Hélène Gestern

Hélène Gestern nous entraîne dans le monde de la musique, des clavecinistes, de la lutherie, avec une puissance qui lui appartient. C’est en défaisant la doublure d’un étui à violoncelle que Grégoire Coblence, associé d’un luthier, découvre une partition ancienne.
Après l’avoir fait déchiffrer, il acquiert la certitude qu’elle a été écrite par Domenico Scarlatti, le plus illustre des compositeurs pour clavecin. Mais la partition disparaît. Cinq êtres, dont l’existence est intimement liée à l’oeuvre du musicien, se lancent alors à corps perdu à la recherche du précieux document. lls sont amenés à questionner leur passé, leurs amours, leurs espérances et leurs erreurs. Scarlatti, compositeur génial aux 555 sonates, est le fil conducteur de ce roman.

Coup de cœur : j’attends toujours avec impatience les romans d’Hélène Gestern. Tant de délicatesse dans l’écriture et dans l’expression des sentiments, tant de talent dans l’art de broder une histoire et de nous tenir suspendus à ses fils. Ce dernier roman de déroge pas à la règle et le plaisir de lecture est toujours là. À tous les chanceux qui ne connaissent pas encore son oeuvre et vont la découvrir je recommanderais plus particulièrement « Eux sur la photo », « Portrait d’après blessure » et « L’odeur de la forêt ». Bonne lecture !

Jambes cassées, coeurs brisés

par Maria Ernestam

Lisbeth a 42 ans, une jolie petite maison au bord de la mer, un travail qu’elle adore. Bon, elle est célibataire, ce qui vaut toujours mieux que d’être malheureuse en amour. Mais à l’approche de Noël, tout tourne mal. Sa direction veut réduire ses heures de cours, au profit d’un champion de ski – un homme. Son ancien petit ami surgit sur le pas de la porte, lassé de sa pulpeuse fiancée. Sa soeur veut accoucher à la maison.
La fille de sa meilleure amie a des ennuis avec la police. Cerise sur le gâteau : sa mère veut démarrer les festivités de Noël à 11 heures du matin. Une histoire chaleureuse, drôle et légèrement décalée sur ce que nous attendons de nous-mêmes et des autres.

Mon avis : un peu de légèreté ne fait pas de mal, parfois. Et pour une fois je salue un roman dans ce genre ! (Karine)

Comme les lions

par Brian Panowich

Pendant des décennies, le clan Burroughs a régné sur Bull Mountain, en Géorgie, en écoulant alcool de contrebande et drogue dans plusieurs Etats. Avec leur disparition, Clayton, seul bon rejeton de cet arbre véreux, se retrouve le dernier survivant. En tant que shérif de Bull Mountain, il souhaite enterrer cet héritage familial violent et mettre un terme aux conflits sur lesquels s’est bâti cette famille.
Mais pour cela il devra choisir entre un passé auquel il ne peut échapper et la loi…

Coup de cœur : divine surprise, Brian Panowitch donne une suite à l’excellent « Bull mountain« . Les personnages sont toujours aussi forts, l’intrigue savamment menée et le contexte terriblement sauvage. À suivre … le troisième opus !

Mon business model

par Julien Gangnet

Joseph Haquim surfe sur le bitume entre Barbès et les Maréchaux nord. Parachuté par Pôle emploi chez les Perez, une agence de presse à faits divers, familiale et crépusculaire, il pousse son pion méchant jusqu’à la réussite entrepreneuriale et monte une start-up de fin des temps, entouré d’une escouade de bras cassés. Mais lorsque l’adversité se rappelle à lui, il est prêt à tout … et même au pire  … pour ne pas changer de train de vie !

Coup de cœur : la revanche d’un loser magnifique. Un polar plein d’humour et de bons mots. Mais aussi une autopsie lucide et intéressante de la société du buzz médiatique.

N’attendez pas pour vos cadeaux ! Nos catalogues de Noël sont là !

Chers clientes et clients, la fin d’année approche et la course aux cadeaux par les influenceurs instagram va bientôt commencer. Cette année, entre les pénuries de papier et le retard accumulé par les éditeurs, les ruptures sur certains titres ne vont pas manquer. Nous vous invitons à nous réserver le plus tôt possible les livres que vous convoitez. En boutique, par mail, par téléphone ou bien directement sur le site, tous les moyens sont bons ! Notre stock est toujours en ligne pour le « cliquez réservez » (il est mis à jour chaque soir) et vous pouvez faire des paniers.

Nous sommes à votre service en magasin pour des conseils, et nous vous proposons également deux catalogues qui regorgent d’idées cadeaux :

Catalogue littérature et beaux livres

Catalogue jeunesse, BD et mangas

Personne ne sort les fusils

par Sandra Lucbert

De mai à juillet 2019 se tient le procès France Télécom-Orange. Sept dirigeants sont accusés d’avoir organisé la maltraitance de leurs salariés. Parfois jusqu’à la mort. On les interroge longuement, leur fait expliquer beaucoup. Rien à faire : ils ne voient pas le problème. Le PDG a un seul regret : « Cette histoire de suicides, c’est terrible, ils ont gâché la fête ».
Il y avait donc une fête ? Parlons-nous la même langue ?

Sandra Lucbert est née en 1981. Normalienne, agrégée de lettres, outre deux romans, elle a écrit un autre texte d’intervention littéraire : Le ministère des contes publics. Prix Les Inrockuptibles Essai.

Coup de cœur : Quelle langue nous parlent les puissants ? Comment ont-il détourné le langage pour servir leurs intérêts …  Indispensable et nécessaire, terriblement pertinent et actuel, cet essai est à lire absolument ! 

Le ministère des contes publics

par Sandra Lucbert

Une maternité ferme. Un accouchement tourne mal. Un enfant meurt. Interpellé, le préfet n’a qu’une chose à dire :  » nous sommes comptables de la dette publique « . Et le verrou est mis. Proposition de la littérature : tourner la clé. A l’évidence, tout tient dans une formule — mais qu’est-ce qu’elle tient cette formule ? Un ordre, des intérêts, un verrouillage. En guise de quoi on dit : LaDettePubliqueC’estMal.
C’est un assommoir : trente ans de répétition, des parleurs, des figures, des grimaces — tous les tours de l’autorité. Qui n’y feront rien : ce seront toujours des contes. Mauvais livre de contes : l’ouvrir, le désosser, le bazarder.

Coup de coeur : après « Personne ne sort les fusils », Sandra Lucbert  met à jour à nouveau très brillamment les ressorts mortifères du langage des dominants. Un texte de salut public, une démonstration implacable et indispensable.

La Ville de vapeur

par Carlos Ruiz Zafon

Un architecte qui fuit Constantinople avec les plans d’une bibliothèque labyrinthique, un étrange cavalier qui arrive à convaincre un tout jeune écrivain (accessoirement nommé Miguel de Cervantes) d’écrire un roman inégalable… on retrouve dans ce recueil de nouvelles une atmosphère et des thématiques familières aux lecteurs de Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du Cimetière des livres oubliés.
Coup de cœur : Il se dégage de l’ensemble une unité parfaite et un charme profond, dans un halo de mystère (et de vapeur). L’écriture est d’une précision et d’une élégance aussi envoûtantes que les histoires racontées.