Coups de cœur du rayon Littérature

française et étrangère

La dragonne et le drôle

par Damien Galisson

Résumé :
Il a une douzaine d’années, et est surnommé « le drôle » par son clan, une petite troupe de quatre mercenaires qui sévit sur ce monde d’îles flottantes. Gamin doux et rêveur, il peine à trouver sa place sous les ordres et les taloches de Chef et Tanneur. Il y a bien, Rody son grand-frère, mais il ne décroche pas un mot, ne lui accorde jamais un regard. Le drôle, lui, aime par-dessus tout chanter et composer des rimes, ce qui ne lui apporte que des ennuis.
Jusqu’à ce jour fou où un dragon immense s’écrase à ses pieds. Une dragonne, poursuivie par une armada d’aéronefs de guerre.

Coup de cœur :
Un chant merveilleux, magnifique roman écrit en partie en vers libres. Rythme, musicalité et fluidité du texte mettent en mouvement l’histoire et les personnages. On est happé et séduit par la narration, l’écriture, les personnages et ce monde de fantasy incroyable, construit en quelques pages à peine et qui s’impose sans peine à notre imagination.
Sublime, épique, bouleversant ! Premier roman d’un auteur enchanteur, à suivre. À partir de 12 ans. Prix Imaginales jeunesse 2023.

Mon maître et mon vainqueur

par François-Henri Désérable

Résumé :
« Le cahier, c’était la première chose que m’avait montrée le juge, quand tout à l’heure j’étais entré dans son bureau. Sous la couverture souple et transparente, on pouvait lire au feutre noir : MON MAITRE ET MON VAINQUEUR. Sur les pages suivantes, il y avait des poèmes. Voilà ce qu’on avait retrouvé sur Vasco : le revolver, un cahier noirci d’une vingtaine de poèmes et, plus tard, après expertise balistique, des résidus de poudre sur ses mains.
Voilà ce qu’il en restait, j’ai pensé, de son histoire d’amour ».

Coup de cœur :
Un amour clandestin, une enquête autant judiciaire que littéraire dans laquelle il est question de livres rares, de la BnF, de Rimbaud et Verlaine… L’auteur signe un roman enlevé et léger, érudit et documenté, plein de poésie, qui nous tient en haleine jusqu’au bout.

L’île aux arbres disparus

par Elif Shafak

Résumé :
Ce roman commence par un cri et s’achève par un rêve. Le cri, interminable, est celui que lance aujourd’hui une adolescente de seize ans, prénommée Ada, en plein cours d’histoire dans un lycée londonien. Le rêve est celui d’une renaissance. Entre les deux a lieu la rencontre du Grec Kostas Kazantzakis et d’une jeune fille turque, Defne, en 1974, dans une Chypre déchirée par la guerre civile.

Coup de cœur :
Elif Shafak crée des personnages débordant d’humanité,de failles et de doutes, d’élans de générosité et de contradictions. Sa prose puissante convoque un mélange de merveilleux, de rêve, d’amour, de chagrin et d’imagination pour libérer la parole des générations précédentes, souvent réduites au silence. Une magnifique lecture.

Déplacer la lune de son orbite

par Andrea Marcolongo

C’est une nuit dans un musée vide que je m’apprêtais à passer devant l’Acropole. Les marbres du Parthénon, ont été arrachés à la pioche et envoyés en Angleterre par Lord Elgin au début du XIXe siècle. À Athènes, il ne reste que des miettes : un pied de déesse, la main de Zeus, la tête d’un cheval. Nous avons tous dérobé quelque chose à la Grèce : ses idées, sa politique, à partir desquelles nous avons forgé nos racines occidentales, mais aussi ses arts, sa beauté Antique.
Dans ce vol collectif, je ne suis qu’un imposteur parmi d’autres : je ne suis pas grecque, je ne parle pas le grec moderne, et pourtant j’ai bâti ma vie et mon écriture sur ce vol. Ce soir, ce privilège sans précédent dans l’histoire du musée m’a pourtant été accordé, à moi, qui n’ai ni Homère ni Platon dans mon sac, mais la biographie de Lord Elgin.

Coup de cœur : cette collection « Ma nuit au musée » est décidément riche en pépites. Brillante linguiste, Andrea Marcolongo explore le vide du musée en parcourant notre héritage Grec. Au-delà de la narration du vol éhonté des splendeurs du Parthénon, elle développe toute une réflexion et une introspection d’une fort belle plume.

Ici et seulement ici

par Christelle Dabos

Résumé :
Par-dessous la peinture, le plâtre et le ciment, à l’intérieur des murs, au fond de l’invisible, je perçois quelque chose que j’arrive pas encore à nommer, quelque chose de foutrement féroce qui habite le bâtiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientôt partie de moi. Ici ne ressemble à nulle part. Ici n’obéit qu’à ses propres règles. Ici, il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs. Et quoi qu’il arrive, tout le monde passe par Ici.

Coup de cœur :
Un roman choral singulier, vertigineux, addictif et puissant qui nous offre une expérience de lecture ébouriffante ! Une histoire haletante où se mêlent violence sourde, peur, mystère et poésie, toujours à la limite du fantastique. Un roman surprenant, déroutant et passionnant, qui ne pouvait pas être plus différent de « La Passe-miroir » et qui confirme l’immense talent de Christelle Dabos ! Une claque !
À partir de 12/13 ans.

Le livre de la nuit

par Holly Black

Résumé :
Charlie Hall est une escroc de bas étage. Elle n’a jamais trouvé une serrure qu’elle ne pouvait crocheter, un livre qu’elle ne pouvait voler ou une mauvaise décision à ne pas prendre. Elle a passé la moitié de sa vie à travailler pour des crépusculiens, des magiciens qui manipulent les ombres afin d’espionner ou même tuer des gens. Les crépusculiens gardent leurs secrets avec avidité et pour faire fructifier leur réseau clandestin, ils ont besoin de Charlie.
Maintenant barmaid, la jeune femme essaie de s’éloigner de ses erreurs passées. Mais sortir de cet univers n’est pas si facile, sans compter que sa sœur a désespérément besoin de magie, et que son petit ami – sans ombre et peut-être sans âme – semble lui cacher des choses. Lorsqu’une figure de son passé refait surface, Charlie replonge dans un tourbillon de meurtres et de mensonges. Déterminée à survivre, elle va devoir affronter de nombreux adversaires qui essaient de s’emparer d’un secret au pouvoir terrifiant. C’est alors que Charlie se lance à la recherche du Livre de la Nuit…

Coup de cœur :
L’autrice de la série du Peuple de l’air (« Le prince cruel »…) nous sert une histoire sombre, dense, étrange, pleine d’humour, de mystères et de rebondissements. La manipulation des ombres, ce pouvoir détenu par les crépusculiens, est une forme de magie inquiétante et incroyablement réaliste. L’intrigue brillamment ficelée fait de ce roman un véritable « page turner ».

L’Effet maternel

par Virginie Linhart

 » Tu n’avais qu’à avorter : il n’en voulait pas de cette gosse !  » Ce sont ces mots prononcés par sa mère qui ont conduit la narratrice à raconter l’histoire de sa famille. Une relation, faite de coups de griffe, de silences, de confusion, mais aussi de beaucoup d’amour. Un admirable récit qui mêle les destins singuliers et collectifs, les descendants des survivants de la Shoah, les espoirs nés de Mai 68, les conquêtes féministes des années 1970 et l’ordre moral de nos sociétés contemporaines.
Virginie Linhart est réalisatrice de documentaires et écrivaine, c’est son histoire.

Coup de cœur : une vie de femme, une histoire touchante et universelle, un texte tendu qui se lit d’une traite, comme  le reflet de l’urgence et de la nécessité qui ont présidé à son écriture.

L’établi

par Robert Linhart

Les « établis » sont les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s’embauchaient, « s’établissaient » dans les usines ou les docks pour vivre l’expérience du travail ouvrier. Robert Linhart a mis 10 ans à écrire sont expérience d’une année comme OS dans une usine Citroën. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, la place de l’homme face aux objets. Il raconte ce que c’est, pour un Français ou un immigré, d’être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
Mais l’établi, c’est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu’elles passent au montage. Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l’intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production.

Coup de cœur : témoignage indispensable, implacable, c’est un texte qui a aussi une grande valeur littéraire.

Le génie et les ténèbres

par Roberto Mercadini

Quand ils se rencontrent, à Florence, au tout début du XVIe siècle, Michel-Ange a vingt-six ans et Léonard quarante-neuf. Michel-Ange est capricieux, perfectionniste, aussi pieux qu’il est négligé dans ses manières, mais déterminé à se frayer un chemin à coups de burin. Léonard de Vinci est un hédoniste aux contours plus nuancés, aussi élégant qu’un dandy, mais qui ne respecte aucune échéance, s’intéresse autant aux sciences qu’aux arts, et devient même, parmi les multiples métiers qu’il exerce pour gagner sa vie, musicien de cour.
Avec son talent de conteur d’exception, Roberto Mercadini redonne vie aux hommes plus encore qu’aux artistes et ressuscite à merveille leur monde disparu : les troubles et les splendeurs de cités légendaires, quantité d’œuvres sublimes, une foule de personnages historiques hauts en couleur, peintres, sculpteurs, architectes, papes, condottieres, comtesses guerrières et moines rebelles. A la Renaissance, comme dans les vies de Léonard et de Michel-Ange, rien ne sépare la lumière des ombres : le génie solaire des gestes parfaits de l’artiste cohabite toujours avec les ténèbres de ses obsessions.
Coup de cœur : Léonard de Vinci et Michel-Ange sont nés pour être rivaux. Rien ne les a opposés davantage que leurs tempéraments.  Avec brio et rigueur, « Le génie et les ténèbres » nous plonge au cœur de leur rivalité légendaire en ces temps obscurs, exaltants et tragiques de la Renaissance.  Une belle écriture au service du portrait passionné de ces deux génies.

La rivière

par Peter Heller

Deux copains de fac s’offrent la virée en canoë de leur rêve sur le fleuve Maskwa, au nord du Canada. Bientôt la balade contemplative tourne à la course contre la montre quand l’horizon s’obscurcit de feux de forêt gigantesques. Mais dans les bras et sous le règne de dame nature, une menace peut toujours en cacher une autre et une rencontre étrange va la mettre en danger.

Coup de cœur : Peter Heller met sa pratique intime de l’aventure, son sens irrésistible du suspense et sa connexion unique aux paysages au service d’une folle et sauvage équipée qui éprouve autant l’amitié sincère de ses personnages que les nerfs du lecteur.