Tous les articles par Karine

Histoires

par Marie-Hélène Lafon

Le présent volume rassemble la totalité des nouvelles de l’autrice publiées chez Buchet/Chastel (deux recueils : Liturgie en 2002, et Organes en 2006). Opus complété par :  » Bon en émotion « , et  » La Maison Santoire  » (nouvelles publiées par ailleurs et épuisées). Cette présente édition – la première au format poche – présente d’autres textes de l’autrice publiés en revue mais jamais repris dans un recueil.

Coup de cœur : vous le savez nous apprécions au plus haut point la prose de Marie-Hélène Lafon et la forme courte est un exercice difficile où elle excelle. Donc sans hésitation, un sincère coup de cœur !

Les aiguilles d’or

par Michael McDowell

Dans le New York de la fin du XIXe siècle coexistent deux mondes que tout oppose. D’un côté, l’opulence et le faste. De l’autre, le vice monnayé et l’alcool frelaté. C’est à leur frontière, au coeur de l’infâme Triangle Noir, qu’une famille fortunée va chercher à asseoir sa notoriété en faisant mine de débarrasser la ville de sa corruption. Les Stallworth, dirigés d’une main de fer par leur patriarche, l’influent et implacable juge James Stallworth, assisté de son fils Edward, pasteur aux sermons incendiaires, et de son gendre Duncan Phair, jeune avocat à la carrière prometteuse, ont un plan impeccable : déraciner le mal en éradiquant une lignée corrompue de criminelles : les Shanks.

Par l’auteur de Blackwater !

Coup de cœur : Michael McDowell est un génie et nous louons les éditions Monsieur Toussaint Louverture de nous le faire découvrir et de concevoir d’aussi beaux livres à petit prix.  Plaisir de lecture inégalé,  à base de  noirceur, bas fonds et vengeance. Vivement les prochaines parutions de la bibliothèque McDowell !

Pauvre folle

par Chloé Delaume

Dans toutes les histoires d’amour se rejouent les blessures de l’enfance : on guérit ou on creuse ses plaies. Pour comprendre la nature de sa relation avec Guillaume, Clotilde Mélisse observe les souvenirs qu’elle sort de sa tête, le temps d’un voyage en train direction Heidelberg. Tandis que par la fenêtre défilent des paysages de fin du monde, Clotilde revient sur les événements saillants de son existence.
La découverte de la poésie dans la bibliothèque maternelle, le féminicide parental, l’adolescence et ses pulsions suicidaires, le diagnostic posé sur sa bipolarité. Sa rencontre, dix ans plus tôt, avec Guillaume, leur lien épistolaire qui tenait de l’addiction, l’implosion de leur idylle au contact du réel. Car Guillaume est revenu, et depuis dix-sept mois Clotilde perd la raison. Elle qui s’épanouissait au creux de son célibat voit son coeur et son âme ravagés par la résurgence de cet amour impossible.
La décennie passée ne change en rien la donne : Guillaume est toujours gay, et qui plus est en couple. Aussi Clotilde espère, au gré des arrêts de gare, trouver une solution d’ici le terminus.

Coup de cœur : Peut-on – et comment – se sortir d’un amour à sens unique ? Que peut la poésie face au réel ? L’alter ego de l’autrice extirpe un à un ses souvenirs de son cerveau, lors d’un trajet en train et tente de résoudre ces questions en alexandrins, dans une langue neuve, humoristique et féministe.

L’enlèvement

par Grégoire Kauffmann

Le 22 mai 1985, le journaliste Jean-Paul Kauffmann et le chercheur Michel Seurat disparaissent après leur atterrissage à Beyrouth. Commence alors l’affaire des otages du Liban. Tenue à l’écart par le pouvoir, l’épouse du journaliste, Joëlle, soutenue par un vaste collectif, se lance dans un combat qui touchera la France entière. Leur fils, l’historien Grégoire Kauffmann, revisite ce temps fort des années 1980, à l’apogée de la gauche mitterrandienne.
Il mêle au portrait de l’époque ses souvenirs d’adolescent qui a vécu ce drame de l’intérieur.

Coup de cœur : en écrivain et  en historien l’auteur mêle la réalité des faits et des événements à l’autofiction. L’adolescent qu’il fut dans les années 80  affleure dans ce récit toujours passionnant de ces années marquées par la vie sans le père, le combat de la mère, les années Mitterand, Renaud … et tout ce qui fait une époque. Tout ce qui fait une vie. Malgré l’épreuve vécue on sent et apprécie une délicieuse et inattendue indulgence pour ces années 80.

Le sniper, le Président et la triade

par Kuo-li Chang

Candidat à sa propre réélection, le président Hsü Huo-sheng est blessé alors qu’il remonte la bruyante rue Huayin à bord de sa Jeep de campagne customisée. Périmètre bouclé et premières constatations : deux cartouches vides de fusil de guerre ont été retrouvées dans une chambre d’hôtel tandis qu’on a deux balles de pistolet artisanal, l’une en cuivre et l’autre en plomb, auprès de la victime. Ça ne colle pas…
Le rival de Hsü, qui devance celui-ci de quelques points dans les sondages, charge l’ancien inspecteur Wu d’enquêter. Naturellement, Wu va fouiner du côté des triades. La complicité du sniper Ai Li, cuistot clandestin dans un boui-boui de Taipei, ne sera pas de trop. Or ce dernier est contraint de prendre la fuite car on essaie de lui mettre l’attentat sur le dos.

Mon business model

par Julien Gangnet

Joseph Haquim surfe sur le bitume entre Barbès et les Maréchaux nord. Parachuté par Pôle emploi chez les Perez, une agence de presse à faits divers, familiale et crépusculaire, il pousse son pion méchant jusqu’à la réussite entrepreneuriale et monte une start-up de fin des temps, entouré d’une escouade de bras cassés. Mais lorsque l’adversité se rappelle à lui, il est prêt à tout … et même au pire  … pour ne pas changer de train de vie !

Coup de cœur : la revanche d’un loser magnifique. Un polar plein d’humour et de bons mots. Mais aussi une autopsie lucide et intéressante de la société du buzz médiatique.

Cézanne

par Marie-Hélène Lafon

Il y a Paul et il y a monsieur Cézanne. Il y a le père et la femme, le jardinier Vallier, le docteur Gachet et les écrivains Flaubert et Zola. Tout un monde. Il y a les toits rouges sur la mer bleue, les mains, le sucrier, le chapeau, l’argent et les secrets. Il y a les silences, épais. Marie-Hélène Lafon est allée vers Cézanne comme on « va au paysage ». A corps perdu. Cet essai en est la trace éblouie.

Coup de cœur : quel enchantement à nouveau de lire Marie-Hélène Lafon ; quelle écriture ! Incarnée, charnelle, inventive. Ce passionnant essai se lit comme un roman. Grâce à elle Cézanne vous restera au cœur.

La Déesse et le Marchand

par Amitav Ghosh

A la demande d’une connaissance, Deen accepte sans enthousiasme de s’intéresser à un personnage folklorique méconnu et de visiter un temple perdu dans une mangrove indienne. Lui qui a plutôt le profil du rat de bibliothèque s’improvise alors baroudeur, loin d’imaginer que cette excursion n’est que le début d’une folle équipée. Lancé sur les traces de cette légende, il voit sa vie bouleversée par d’effarantes péripéties et d’étranges coïncidences.
Au point qu’il se met à douter – de lui-même, et de sa lecture du monde.

Coup de cœur : quel plaisir une fois de plus de suivre un conteur tel que Amitav Gosh. Les tribulations de son héros ne sont pas que des aventures. Matière à réflexion, questionnements intimes, part du hasard et du fantastique, destinée et errements humains . C’est toujours une balade instructive et enchanteresse, en des contrées lointaines. Tout quitter et s’embarquer avec la déesse et le marchand.

Récitatif

par Toni Morrison

Twyla et Roberta ont huit ans lorsqu’elles se rencontrent au foyer de St-Bonaventure. Quatre mois durant, les deux fillettes resteront inséparables, avant que la vie ne les éloigne. Au fil des années, elles se recroiseront au gré du hasard. Des retrouvailles souvent malaisées, jetant une lumière trouble sur un épisode de leur enfance, une scène en apparence anodine mais dont le souvenir ne les a jamais quittées – si tant est que ce souvenir soit fidèle à ce qui s’est réellement passé ce jour-là.

Coup de cœur : cette nouvelle inédite de Toni Morrison donne une envie furieuse de relire son oeuvre. Le talent condensé en quelques pages et un procédé narratif qui ne cesse d’étonner par la puissance des questions qu’il induit : on sait que l’une des fillettes est noire, l’autre est blanche. Mais qui de Twyla ou Roberta ? À vous de construire …

Tenir sa langue

par Polina Panassenko

« Ce que je veux moi, c’est porter le prénom que j’ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur ». Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change. A son arrivée, enfant, à Saint-Etienne, au lendemain de la chute de l’URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l’école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil.
Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom. Ce premier roman est construit autour d’une vie entre deux langues et deux pays. D’un côté, la Russie de l’enfance, celle de la datcha, de l’appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l’autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu’il faut conquérir et des Minikeums.
Drôle, tendre, frondeur, Tenir sa langue révèle une voix hors du commun.