Il est des hommes qui se perdront toujours

par Rebecca Lighieri

Le narrateur, Karel, est un garçon des quartiers Nord de Marseille. Il grandit dans la cité Antonin Artaud, cité fictive adossée au massif de l’Etoile et flanquée d’un bidonville, « le passage 50 », habité par des gitans sédentarisés. Ces derniers auront une grande importance dans la vie de la fratrie, en les sauvant de leur environnement toxique. Karel vit avec sa sœur Hendricka et son petit frère Mohand, infirme. Ils essaient de survivre à leur enfance, entre maltraitance du père, toxicomanie et pauvreté des parents.  Les trois enfants vont s’inventer chacun un destin. Karel a peur pour sa future vie d’homme, il se demande s’il n’a pas été contaminé par la violence, s’il n’est pas dépositaire d’un héritage tragique, qui l’amènera à abîmer les gens comme son père l’a fait.
Coup de cœur : une plongée dans toute une culture populaire dont l’auteure saisit l’énergie et les émotions, notamment à travers les chansons de l’époque (début années 2000), de Céline Dion à Michael Jackson, en passant par IAM , Cheb Hasni, Richard Cocciante ou Elton John. Ces « gens de peu » qui sont nos contemporains, c’est un monde peu décrit, à l’écart de la littérature. L’auteure en tire une substance très romanesque, au plus près des personnages, dans une vérité de l’instant qui est portée par une langue fluide. Bien qu’ils soient très différents de nous, la magie du roman fait qu’on s’attache aux personnages et qu’on dévore ce livre.