Tous les articles par Karine

La ville de vapeur

par Carlos Ruiz Zafon

Un gamin des rues découvre le pouvoir des mots quand ses histoires font briller les yeux de la petite fille riche qui a volé son cœur, un architecte fuit Constantinople avec les plans d’une bibliothèque invraisemblable qui deviendra mythique, un étrange cavalier incite un tout jeune écrivain (nommé Miguel de Cervantes) à composer un roman inégalable… On retrouve dans ce volume posthume, voulu par l’auteur et qui rassemble l’intégralité de ses nouvelles, une atmosphère et des thématiques qui seront familières aux lecteurs de Carlos Ruiz Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du « Cimetière des Livres oubliés ».
Autant de récits qui constituent d’émouvantes miniatures d’un talent narratif incomparable et dégagent un charme profond et envoûtant, dans un halo de mystère et de vapeur. Le dernier hommage à un monstre sacré de la littérature.

Coup de cœur : Il se dégage de l’ensemble une unité parfaite et un charme profond, dans un halo de mystère (et de vapeur). L’écriture est d’une précision et d’une élégance aussi envoûtantes que les histoires racontées.

L’enragé

par Sorj Chalandon

 » En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Ile-en-Mer allait être fermé. Ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été  » rééduqués  » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins.
Les plus jeunes avaient 12 ans. Le soir du 27 août 1934, cinquante-six gamins se sont révoltés et ont fait le mur. Tandis que les fuyards étaient cernés par la mer, les gendarmes offraient une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Alors, les braves gens se sont mis en chasse et ont traqué les fugitifs dans les villages, sur les plages, dans les grottes. Tous ont été capturés. Tous ? Non : aux premières lueurs de l’aube, un évadé manquait à l’appel.
Je me suis glissé dans sa peau et c’est son histoire que je raconte. Celle d’un enfant battu qui me ressemble. La métamorphose d’un fauve né sans amour, d’un enragé, obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues.  » S. C.

Portrait huaco

par Gabriela Wiener

Ici, vous allez trouver un arrière-arrière-grand-père pilleur d’objets Incas au XIXe siècle, la mort d’un père aimant qui avait une double vie, une femme curieuse et résolue qui vit une relation polyamoureuse brinquebalante.

Cela commence avec un choc : la narratrice visite le Musée du quai Branly et regarde une pièce où elle croit se voir : c’est un portrait huaco, une statuette de céramique préhispanique représentant un visage indigène avec le plus de réalisme possible. Et la salle d’exposition porte le nom de son aïeul, Charles Wiener. Un explorateur français connu entre autres pour avoir « failli » découvrir Machu Picchu.
Coup de cœur : passionnant par son sujet, brillant dans l’écriture, pas un mot de trop dans ce formidable roman qui pourtant brasse bien des sujets. De l’aïeul « explorateur » pilleur, homme tragiquement de son époque, à la narratrice qui questionne l’amour, la filiation, le métissage, les migrations … tout sonne juste, écrit dans une belle langue. Passionnant !

La mandoline du capitaine Corelli

par Louis de Bernières

« L’île à moitié oubliée de Céphalonie s’élève imprudemment de la mer Ionienne. Elle est tellement chargée d’antiquité que les pierres elles-mêmes exhalent la nostalgie et que la terre rouge reste hébétée non seulement par le soleil mais aussi par le poids insupportable de la mémoire ».

Sur cette île en apparence bénie des dieux, des ouragans vont pourtant se déchaîner dès 1939 ; à l’occupation italienne va succéder l’invasion allemande. Puis, à partir de 1945, les maquis rouges feront régner leur terrible loi. Et quand enfin la paix semble revenue, le meurtrier tremblement de terre de 1953 dévaste Céphalonie à son tour. Que deviennent les destins individuels au cœur de tant de drames ? Un amour aussi fragile que celui de Pélagia, la jolie petite Grecque, et du séduisant capitaine Corelli peut-il leur résister ? Car comment résiste-t-on à  la peur, la faim, la folie, la mort ? Est-il possible de continuer à vivre quand il ne reste plus que le souvenir ?

Coup de cœur : l’histoire, l’amour, la guerre, la musique, la Grèce … tout est brillamment mêlé dans ce roman virtuose. Il n’épargne aucune des horreurs de la guerre mais fait la part belle aux sentiments, aux éclairs de beauté des vivants. Il est certain que vous ne le lâcherez pas avant d’avoir le fin mot des amours de Pelagia et du Capitaine Corelli.

Chaque serment que tu brises

par Peter Swanson

Pour Abigail, épouser Bruce le millionnaire est la chance de sa vie. A défaut de grande passion, son univers facile et confortable la séduit. Fiancé parfait, Bruce va jusqu’à organiser lui-même son enterrement de vie de jeune fille en Californie. Mais là, quelque peu éméchée, Abigail passe la nuit dans les bras d’un inconnu, Scottie. Une erreur sans conséquence, pense-t-elle non sans remords. Mais voilà que Scottie réapparait juste avant la cérémonie et supplie Abigail de tout annuler.
Pire, il la suit sur l’île isolée où elle passe sa lune de miel. Abigail panique, mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Coup de cœur : décidément Peter Swanson est très doué pour le suspense ! Ici une version plutôt thriller psychologique, comme on les aime quand c’est bien fait. L’héroïne est très attachante et ses aventures sont vraiment passionnantes.

La promesse

par Damon Galgut

1986, Pretoria. Rachel, matriarche de la famille Swart, a fait une promesse avant de mourir : léguer une maison à Salome, sa domestique noire. Cette décision divise le clan : les langues se délient, les rancœurs et les convoitises s’exacerbent au point de faire voler en éclats les liens qui unissent les uns et les autres.
Cette promesse doit-elle être tenue, et à quel prix ? A travers le déclin d’une famille, c’est toute l’histoire d’un pays que Damon Galgut dessine en filigrane dans une langue virtuose qui nous fait entendre les voix de chacun de ses personnages. Damon Galgut est né en 1963 à Pretoria, en Afrique du Sud. Lauréat de nombreux prix littéraires, il est l’un des plus célèbres romanciers de son pays.
La Promesse a remporté le Booker Prize en 2021. Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Hélène Papot

Coup de cœur : c’est dans une langue riche et travaillée que Damon Galgut nous conte l’histoire de cette famille blanche d’Afrique du Sud. Saisissants et attachants personnages, perdus dans l’histoire et dans la complexité d’un pays et d’une époque.

La diagonale Alekhine

par Arthur Larrue

Champion du monde du jeu d’échec, Russe blanc naturalisé français, Alexandre  Alekhine joue sa vie comme ses parties d’échecs, en allant de victoire en victoire et de continent en continent. Pourtant, à Buenos Aires en 1939, la guerre le rattrape. Il est mobilisé et sommé de rejoindre Paris, d’où il assiste à l’effondrement de son pays d’adoption. Voilà Alekhine otage des nouveaux maîtres de l’Europe qui, trop heureux de disposer de sa célébrité et de son aura, l’instrumentalisent.
Il collabore, s’acoquine avec Hans Frank et Joseph Goebbels, participe aux tournois des territoires du Reich. De joueur, il devient joué. Les unes après les autres, ses pièces maîtresses lui échappent : Grace, son épouse, et les grands maîtres juifs persécutés, ses meilleurs rivaux, comme Spielmann, Rubinstein, Przepiórka… Lorsque la guerre se termine, il a trouvé refuge dans le Portugal dictatorial de Salazar.
Seul contre tous, l’imbattable champion joue sa dernière partie.

Lettres de non-motivation

par Julien Prévieux

Toutes les lettres que vous allez découvrir sont authentiques. Après avoir vainement cherché un emploi, Julien Prévieux s’est mis à les refuser tous et à le signifier par écrit aux entreprises. Les réponses des entreprises, automatiques ou personnalisées, alimentent un dialogue de sourds à travers lequel l’ensemble du système d’embauche se trouve pris en défaut. Ces lettres de non-motivation nous rappellent la possibilité jouissive de dire NON à l’aliénation, sur tous les tons.

Coup de cœur : réjouissant d’absurdité sociologique et d’humour noir. Pour qui aime les échanges épistolaires et les narrateurs qui manient brillamment le premier degré pour mieux le subvertir, c’est un régal assuré !

Les Petits Personnages

par Marie Sizun

Les oubliés de la peinture, ces marginaux, ces créatures à peine ébauchées m’ont toujours intriguée, et charmée, mystérieuses existences nées d’une idée éphémère du peintre, ou ajout, pointe finale et, qui sait, signature secrète de l’artiste ? Marie Sizun donne un nouveau souffle de vie à ces petits personnages, leur inventant à chacun une histoire, des sentiments, des regrets, des espoirs. Ils deviennent le centre de ces trente et une nouvelles et s’échappent de la toile pour aller vers leur destin.  De Turner à Utrillo, d’Ensor à Vallotton, de Marquet à Monet, chaque tableau choisi devient prétexte à une fantaisie qui, prolongeant la peinture en imagination, nous la donne à voir autrement.

La médium

par J. P. Smith

Kit Capriol a perdu son mari dans les attentats du 11-Septembre à New York. Leur fille Zoey est née neuf mois après le drame. Aujourd’hui, actrice courant les castings, Kit doit payer les traites de l’appartement de Manhattan, et surtout les faramineuses notes d’hôpital de Zoey : un soir dans le métro, celle-ci, témoin d’un horrible accident, est tombée dans un coma profond dont elle n’est toujours pas sortie.
Kit mène donc une activité parallèle pour joindre les deux bouts : médium. Elle sélectionne dans le New York Times, riche en nécros et avis de décès, ses cibles, qu’elle met en relation avec leurs chers disparus. Et ça marche jusqu’au jour où la police s’en mêle…