Coups de cœur du rayon Littérature

française et étrangère

La décision

par Karine Tuil

Mai 2016. Dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’Etat islamique en Syrie. A ce dilemme professionnel s’en ajoute un autre, plus intime : mariée depuis plus de vingt ans à un écrivain à succès sur le déclin, Alma entretient une liaison avec l’avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays…
Avec ce nouveau roman, Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d’instruction antiterroristes, au coeur de l’âme humaine, dont les replis les plus sombres n’empêchent ni l’espoir ni la beauté.

True story

par Kate Reed Petty

Résumé :

Talentueuse mais solitaire, Alice Lovett prête sa plume pour écrire les histoires des autres. Pourtant elle reste hantée par la seule histoire qui lui échappe : sa propre vie. Une simple rumeur, lancée en ce lointain été 1999 par deux ados éméchés, a embrasé en un rien de temps toute la communauté. Que s’est-il réellement passé sur la banquette arrière de cette voiture alors qu’ils ramenaient Alice, endormie, chez elle ? Accusations, rejets, déni, faux-semblants…
la réalité de chaque protagoniste vacille et reste marquée à tout jamais. Et quand le présent offre une chance de réparer le passé, comment la saisir ? Faut-il se venger ou pardonner ? Ou mieux vaut-il tout oublier ? Mais peut-on oublier ce qu’on n’a jamais vraiment su ?

Coup de cœur :

Plus qu’un roman, « True story » est un véritable outil d’expression dont on ne connaît la véritable ampleur qu’en lisant les tout derniers mots. Mélange de style et de points de vues, c’est une histoire poignante sur les conséquences dévastatrices qu’une simple rumeur est capable d’engendrer.

Enfant de salaud

par Sorj Chalandon

Résumé :
Depuis l’enfance, une question torture le narrateur : – Qu’as-tu fait sous l’occupation ? Mais il n’a jamais osé la poser à son père. Parce qu’il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu’au jour où le grand-père de l’enfant s’est emporté : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud !  » En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord.
Trois ans de la vie d’un  » collabo  » , racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Ce n’est pas un procès qui vient de s’ouvrir, mais deux. Barbie va devoir répondre de ses crimes. Le père va devoir s’expliquer sur ses mensonges. Ce roman raconte ces guerres en parallèle. L’une rapportée par le journaliste, l’autre débusquée par l’enfant de salaud.

Coup de cœur :
Sorj Chalandon entremêle la petite et la grande histoire et se lance à la poursuite d’une vérité qui ne cesse de se dérober. Un voyage vertigineux dans la vie de son père, homme trouble, hâbleur,  menteur, tricheur, colérique, violent…
Un texte terrible et nécessaire, habité, riche de sens et de questions, qu’on ne lâche pas du premier au dernier mot.

 

Arbre de l’oubli

par Nancy Huston

Quand s’ouvre ce livre, Shayna arrive à Ouagadougou. Nous sommes en 2016. Elle porte en elle toutes les questions et contradictions de notre temps, celles du féminisme, de la procréation, mais aussi du genre et de la laïcité. Elle porte aussi l’histoire de sa famille et le roman retrace la vie de ses parents.

Coup de coeur : des personnages passionnants, dont l’histoire s’entremêle et nous est contée avec une fluidité et une proximité qui les rend terriblement vivants. Ce roman se lit d’une traite et sa qualité littéraire est comme un fil qui nous guide vers Shayna.

La fille qu’on appelle

par Tanguy Viel

Quand il n’est pas sur un ring à boxer, Max Le Corre est chauffeur pour le maire de la ville. Il est surtout le père de Laura qui, du haut de ses vingt ans, a décidé de revenir vivre avec lui. Alors Max se dit que ce serait une bonne idée si le maire pouvait l’aider à trouver un logement.

Coup de cœur : dans une langue brillante, avec une jubilation d’écriture qui n’a d’égale que la noirceur du propos, Tanguy Viel décortique et expose des faits qui deviennent terriblement réels. Il nous emmène là où on ne voudrait jamais aller, dans les linges sales du pouvoir, mais avec quel talent !

Blizzard

par Marie Vingtras

Résumé :
Le blizzard fait rage en Alaska. Au coeur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n’aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l’enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s’engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.
Avec ce huis clos en pleine nature, Marie Vingtras, d’une écriture incisive, s’attache à l’intimité de ses personnages et, tout en finesse, révèle les tourments de leur âme.

Coup de cœur :
Roman aux voix multiples qui se succèdent au fil de chapitres court. Rythmé comme un thriller, l’histoire nous immerge dans le mystère, le danger et les secrets de chacun.
Les personnages rudes et taiseux font échos au lieu glacé et hostile et vont peu à peu laisser leur vérité et leurs douleurs enfouies émerger du brouillard.
Un premier roman remarquable !

Le Grand Monde

par Pierre Lemaitre

La famille Pelletier : trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible. Et quelques meurtres.

L’ancien calendrier d’un amour

par Andreï Makine

 » Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance.  » (Baudelaire) Tel serait l’esprit de cette saga lapidaire — un siècle de fureur et de sang que va traverser Valdas Bataeff en affrontant, tout jeune, les événements tragiques de son époque. Au plus fort de la tempête, il parvient à s’arracher à la cruauté du monde : un amour clandestin dans une parenthèse enchantée, entre l’ancien calendrier de la Russie impériale et la nouvelle chronologie imposée par les  » constructeurs de l’avenir radieux « .

Seule en sa demeure

par Cécile Coulon

Résumé :
Aimée est mariée à Candre Marchère, riche propriétaire et homme de foi. Mais tandis qu’elle tente d’apprendre à être une femme et une épouse, le doute en elle s’insinue. Cette demeure semble renfermer des secrets. Son époux est-il vraiment honnête avec elle? Qu’est-il vraiment arrivé à sa première femme ? Le malaise monte dans cette demeure où elle se sent enfermée.

Coup de cœur :
D’une plume fine et musicale, l’autrice réinvente le conte gothique. Au cœur d’une forêt sombre et étouffante, entre les murs d’un manoir inquiétant, Cécile Coulon dénoue l’écheveau des secrets enfouis de la famille Marchère.
Une autrice phare, un roman envoutant !

Les Sources

par Marie-Hélène Lafon

La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l’érable, mais elle n’entre pas dans la maison. Elle n’ entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l’après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c’est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu’elle a de la chance avec la lumière d’octobre, la cour de la maison, l’érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu’à elle dans l’air chaud et bleu.
Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée.

Coup de cœur : l’histoire d’une femme, d’un lieu, de vies paysannes. Tout le talent de Marie-Hélène Lafon est là : ses mots choisis, comme économisés, pour donner le meilleur écrin à  ses phrases. Les non dits, les joies fugaces, tout un monde si bien raconté …