À la suite du décès de sa grand-mère, qui tenait un restaurant à Paris dans la grande tradition des Auvergnats, Brune revient sur sa terre d’origine pour l’enterrer. Cette terre c’est le plateau de l’Aubrac. Elle découvre un paysage, les vies particulières des habitants de ce lieu unique et aussi les vaches.
Coup de cœur : C’est une immersion en pays d’Aubrac, on sent que l’auteure s’est beaucoup documentée. Elle met en avant tout autant les beautés du paysage que les tensions liées aux pratiques d’élevage. Autour elle a brodé une intrigue familiale touchante, avec des personnages bien campés, qui font résonner passé et présent de ce territoire. En somme une « belle histoire, bien racontée ».
Tous les articles par Karine
Sans preuve & sans aveu
par Philippe Jaenada
« Pendant que je fais des phrases, un homme fermente dans une cellule ». Philippe Jaenada Alain Laprie a été condamné à 15 ans de prison pour le meurtre de sa tante. La justice pénale a tranché. Sur la base d’un dossier vide, ne contenant aucune preuve tangible, elle a privé l’homme de sa liberté et l’a séparé des siens. A travers cet exemple, dont il décortique avec la minutie qu’on lui connaît chacun des éléments, Philippe Jaenada dresse un vibrant réquisitoire contre les dysfonctionnements inacceptables d’un système policier et judiciaire qui, par manque de moyens et de détermination, se délite sous nos yeux dans l’indifférence générale.
Philippe Jaenada est un écrivain majeur de la littérature contemporaine. Son inimitable autodérision s’entremêlent avec grâce à la puissance de ses livres. La Serpe a reçu le prix Femina 2017. Ses romans sont disponibles chez Points. Postface inédite de l’auteur.
Coup de cœur : écrivain engagé dans la résolution de meurtres aux tenants complexes ; homme s’interrogeant sans cesse sur l’injustice et les vies brisées. Une nouvelle fois il retrace avec brio et rigueur une affaire ténébreuse et met tout le talent de son écriture au service d’un homme que tout, ou plutôt rien, n’accuse.
Sur un os
par Ricardo Elias
L’emprisonnement commençant à leur taper sur le système, une poignée de détenus décident de se faire la belle en creusant un tunnel. Rien d’original à cela, sauf qu’en route, ils tombent sur un os, ou plutôt sur une collection d’os qui, réunis, forment un parfait squelette de rarissime dinosaure. De taulards, les voilà qui se muent en archéologues amateurs, tandis que leur secret se répand dans une prison gagnée par la passion de la paléontologie.
C’est évidemment sans compter sur l’administration où la méchanceté des matons le dispute à la bêtise du directeur.
Où l’on découvre qu’il est risqué de contrarier des prisonniers qui ont sorti leurs têtes du gouffre de l’ennui en découvrant les vertiges de la culture.
Coup de cœur : roman noir complètement atypique, fable caustique, « Sur un os » est très divertissant et sa galerie de prisonniers en quête de savoir est parfaitement improbable et réjouissante.
Lorsque tous trahiront
par Pierre Olivier
Février 1945. Dans les petites villes autour de Sigmaringen, les Français partisans du régime nazi se rassemblent. Miliciens en déroute, collabos en exil, chacun essaie de faire les bonnes alliances pour tirer son épingle du jeu et éviter les tribunaux militaires. Sur une route de campagne, Jacques Doriot, un des chefs collaborationnistes réfugiés en Allemagne, est tué dans le mitraillage de sa voiture par un avion non identifié. Et si le « Grand Jacques » avait été victime d’un complot, liquidé par ses amis ? Un jeune lieutenant se trouve être l’un des premiers témoins de l’affaire et va être chargé de comprendre qui avait intérêt à cette mort. Mais dans cette période trouble, encore faut-il savoir à qui se fier et débusquer les traîtres.
Coup de cœur : diablement efficace, ce livre à la croisée du roman noir et du livre d’espionnage se lit d’une traite et vous balade de traîtrise en traîtrise.
Des milliers de lunes
par Sebastian Barry
Nous retrouvons Winona Cole, la jeune orpheline indienne lakota du roman « Des jours sans fin », et sa vie dans la petite ville de Paris, Tennessee, quelques années après la guerre de Sécession. Winona grandit au sein d’un foyer peu ordinaire, dans une ferme à l’ouest du Tennessee, élevée par John Cole, son père adoptif, et son compagnon Thomas McNulty.
Cette drôle de petite famille tente de joindre les deux bouts dans la ferme de Lige Magan avec l’aide de deux esclaves affranchis, Tennyson Bouguereau et sa sœur Rosalee. Ils s’efforcent de garder à distance la brutalité du monde et leurs souvenirs du passé. Mais l’Etat du Tennessee est toujours déchiré par le cruel héritage de la guerre civile, et quand Winona puis Tennyson sont violemment attaqués par des inconnus, le colonel Purton décide de rassembler la population pour les disperser.
Coup de cœur : après le vibrant « Des jours sans fin » dont la beauté et la violence nous ont secoué ; quel plaisir de retrouver les personnages ! Magnifiquement écrit, animé de l’esprit impérieux d’une jeune fille au seuil de l’âge adulte, « Des milliers de lunes » est un roman sur l’identité et la mémoire, une sublime histoire d’amour et de rédemption.
Les Terres animales
par Laurent Petitmangin
Il y avait là de petites villes avec leurs églises, quelques commerces, des champs, et au loin, la centrale. C’était un coin paisible entouré de montagnes et de forêts. Jusqu’à l’accident. Il a fallu évacuer, condamner la zone, fuir les radiations. Certains ont choisi de rester malgré tout. Trop de souvenirs les attachaient à ces lieux, ils n’auraient pas vraiment trouvé leur place ailleurs. Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred sont de ceux-là.
Leur amitié leur permet de tenir bon, de se faire les témoins inutiles de ce désert humain à l’herbe grasse et à la terre empoisonnée. Rien ne devait les faire fléchir, les séparer. Il suffit pourtant d’une étincelle pour que renaisse la soif d’un avenir différent : un enfant bientôt sera parmi eux. Laurent Petitmangin, toujours aussi bouleversant d’humanité, nous raconte les souvenirs indélébiles, les instincts irrépressibles et la vie qui toujours impose sa loi au coeur de ces terres rendues au règne animal.
Suite inoubliable
par Akira Mizubayashi
Pamina est une jeune luthière brillante, digne petite-fille d’Hortense Schmidt, qui avait exercé le même métier au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Embauchée dans l’atelier d’un fameux luthier parisien, Pamina se voit confier un violoncelle très précieux, un Goffriller. En le démontant pour le réparer, la jeune femme découvre, dissimulée dans un tasseau, une lettre qui la mènera sur les traces de destins brisés parla guerre.
Des mots, écrits à la fois pour résister contre l’oppresseur et pour transmettre l’histoire d’un grand amour, auront ainsi franchi les frontières et les années. Les histoires entremêlées des personnages d’Akira Mizubayashi, tous habités par une même passion mélomane, pointent chacune à sa façon l’horreur de la guerre. La musique, recours contre la folie des hommes, unit les générations par-delà la mort et les relie dans l’amour d’une même langue.
Coup de cœur : Une luthière se voit confier la réparation d’un précieux violoncelle, qui lui en rappelle un autre et à l’intérieur duquel elle découvre une lettre. Retraçant des destins brisés par la guerre de 1945 au Japon, Mizubayashi signe une enquête poétique et fascinante sur ce qui relie les êtres à travers le temps.
Le cygne et la chauve-souris
par Keigo Higashino
Le cadavre d’un homme est retrouvé dans une voiture à Tokyo. Il a sur lui son portefeuille, qui contient une importante somme d’argent, mais son téléphone est retrouvé, souillé de sang, dans un autre quartier de la ville. Higashino est ici au sommet de son art, dans une histoire à multiples rebondissements, pour un roman passionnant qui lui fournit une nouvelle occasion de faire preuve de sa capacité à tenir le lecteur en haleine sans jamais se départir de son profond humanisme.
La promesse
par Friedrich Dürrenmatt
Dans un bois des environs de Zurich, la petite Gretl Moser vient d’être assassinée. Confronté au terrible regard d’une mère dévastée, le commissaire Matthias promet de trouver le meurtrier. La police arrête un potentiel coupable, qui avoue avant de se suicider, mais Matthias est persuadé que le véritable tueur court toujours. Hanté par cette affaire, il décide de le traquer seul, en lui tendant un piège aux conséquences tragiques.
Une promesse est une promesse, mais la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?
Coup de cœur : un classique à découvrir. Une enquête hors du temps, aux confins de l’obsession. L’auteur nous enveloppe dans une atmosphère particulière, qui sert la force de son histoire. Une histoire tragique et poignante. Toutes les descriptions sont à dessein et servent un beau texte. Le commissaire Matthias restera dans vos esprits …
La veuve des Van Gogh
par Camilo Sanchez
Sur la mort de Vincent Van Gogh tout a été écrit. Sur celle de son frère Théo, terrassé par le chagrin, des litres d’encre ont été aussi déversés. Mais personne n’a évoqué ce qu’il advint de Johanna Van Gogh-Bonger, épouse de Théo, qui vécut un double veuvage tant le lien entre les deux frères était fort. A la disparition de son mari, la jeune femme décide d’ouvrir, à quelques kilomètres d’Amsterdam, une auberge.
C’est là qu’elle réunit les lettres de Vincent, qu’elle accroche aux murs ses toiles. Elle se battra pour faire connaître au monde le génie de son beau-frère.
Coup de cœur : Une histoire méconnue et passionnante qui brosse le portrait d’une femme dont la détermination a changé la face de l’art contemporain. L’auteur mêle à son texte, qui est fort bien écrit, des extraits du journal de Johanna et des extraits des lettres de Vincent à Théo. Ces belles correspondances donnent un éclat supplémentaire à ce roman passionnant.